JO 206
Le deuxième album de Beurre reprend exactement là où leur premier, Oxt to Anyone, s’était arrêté. La friction électrisante entre distorsion brutale et sensibilité émotionnelle reste au cœur du son intensément puissant du trio suisse. Pourtant, le monde qui a façonné ces nouveaux morceaux s’est assombri – et la musique aussi.
Portés par un désir croissant de canaliser la force transformatrice du bruit extrême et de la saturation totale, leur approche du metal radical prend désormais la forme de mantras et de méditations, ou s’aventure dans des territoires chaotiques faits d’étrangeté et d’entropie. Aussi féroces et tonitruants que soient ces morceaux dans leur exécution, ils sont traversés de fils d’espoir – fins et délicats – qui tissent et illuminent l’aura brute et immersive de l’album.
La lumière nous a tous quittés, nos yeux sont fermés depuis longtemps. Nous ne souhaitons plus voir, mais nous devons explorer l’obscurité à la recherche de ce qui subsiste de nos liens inconditionnels. Nous devons sonder les eaux pour y trouver le courant qui mène à une empathie réparatrice, vers un espace où notre compassion peut s’épanouir. Et lorsque nous le saisissons, lorsque nous ressentons une étincelle, une direction, une vague, nous devons résonner et amplifier. Partager des impulsions avec celles et ceux qui nous entourent, formuler nos intentions, révéler nos positions, pour pouvoir ressentir à nouveau la lumière, ensemble.